Les mucites sont ces affections terriblement douloureuses de la muqueuse buccale, conséquences des épithélites provoquées par l’irradiation des tumeurs tête et cou...
Le mécanisme iatrogène à l’origine de ces lésions est la production intense de radicaux libres oxygénés (ROS) provoquée par les rayonnements de haute énergie. Ils déclenchent un emballement de la réponse inflammatoire et une lésion muqueuse longue à cicatriser. Les chimiothérapies peuvent également déclencher ce mécanisme ou si elles sont associées, aggraver encore une situation qui concerne des patients de tous âges dont de nombreux enfants.
La démonstration est apportée aujourd’hui que l’exposition de ces lésions à une source de lumière monochromatique (LED ou laser basse puissance) dans le rouge ou l’infrarouge permettait d’obtenir une cicatrisation rapide et une diminution très significative des douleurs. La photobiomodulation joue ici son rôle anti-inflammatoire et indirectement anti-infectieux, propre à obtenir rapidement un restituo ad integrum de la muqueuse, voire à réduire le risque d’apparition des lésions.
Le Pr Bensadoun a, dans le cadre de son service, mis en œuvre plusieurs études pilotes utilisant soit des dispositifs ponctuels, équipés de diodes laser basse puissance émettant vers 630nm, soit un petit panneau équipé de LED infrarouges émettant à 830nm. Les résultats ont été au rendez-vous avec des protocoles administrant par séance environ 4 Joules par point ou par zone à titre préventif ou 2 à 8 Joules à titre curatif.
12 à 48 heures séparent les séances pour un nombre de séances allant de 3 à 5 ou 7 par semaine.
Il s’agit d’une démarche d’optimisation thérapeutique permettant d’améliorer les résultats globaux d’un traitement anticancéreux.
Je fais le commentaire suivant qui peut intéresser de nombreux praticiens. Allez sur le site de la NASA à l’adresse suivante :
http://www.nasa.gov/home/hqnews/2003/nov/HQ_03366_clinical_trials.html
Vous découvrirez comment, depuis plusieurs années, un panneau de LED semblable à celui utilisé par le Pr Bensadoun a permis de traiter des mucites post radio et chimiothérapies chez des enfants souffrant de cancers.
L’exposé du Pr Bensadoun s’est poursuivi par la présentation des résultats d’une méta-analyse portant sur 33 études de qualité, randomisées, menées dans le monde. Sur ces études, 11 ont été privilégiées par l’analyse, car elles concernaient tous les critères exigibles. Elles rassemblent 415 patients traités par des sources laser de basse puissance rouges et infrarouges (tout à fait comparables aux sources LED).
Elles ont permis de dégager les conclusions suivantes.
1° Il existe une évidence de l’efficacité de ces traitements sur l’inflammation, la douleur, la durée de cicatrisation.
2° Il ne semble pas y avoir de différence entre les traitements réalisés avec des sources lumineuses rouges (630 à 670nm) et ceux réalisés avec des sources infrarouges (780 à 830nm).
3° Aucune complication ni aucun effet secondaire n’ont été signalés.
4° Les doses recommandées sont d’environ 2 à 3 Joules par séance à titre préventif et au moins 4 Joules par séance à titre curatif.
5° Les séances doivent être entreprises tous les jours ou un jour sur deux, le minimum étant de 3 séances par semaine.
Au total, dans les mucites induites par les thérapeutiques anticancéreuses, il existe une évidence modérée à forte de considérer les traitements par lasers de basse puissance (ou par des LED), aux doses recommandées, comme efficaces sur les plans préventifs et curatifs, peu coûteux et sans risque.
Ce travail remarquable du Pr Bensadoun, ne peut que mettre au premier plan la photobiomodulation dans notre arsenal thérapeutique.
Dr. Luc Benichou
communication scientifique